
Coup de tonnerre pour Auchan Retail France. Le tribunal administratif de Lille a annulé, ce mardi 23 septembre 2025, le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de l’enseigne, qui prévoyait la suppression de 2 389 postes. Cette décision, qualifiée d’« inédite » par Gérald Villeroy, délégué syndical CGT d’Auchan Retail France, et d’« onde de choc » par Franck Martinaud de Force Ouvrière, pourrait avoir des répercussions significatives pour le distributeur.
Le plan social avait été annoncé le 5 novembre 2024, après des années de difficultés économiques pour Auchan. Il avait suscité l’inquiétude des syndicats et avait même mené à une commission d’enquête à l’Assemblée nationale sur la multiplication des plans de licenciements en France. La décision du tribunal administratif de Lille fait suite à des recours déposés par la CGT et plusieurs entrepôts menacés de fermeture.
Le tribunal a notamment estimé que l’accord collectif sur le PSE « aurait dû être signé par les représentants syndicaux de chacune des cinq composantes du groupe » Auchan, et non pas par un seul accord global. Les cinq sociétés concernées étaient Auchan Retail France, Auchan Retail International, AECF (e-commerce), ARS/ARA (services d’appui) et OIA (achats à l’étranger). Franck Martinaud (FO) a souligné que son syndicat n’avait pas signé l’accord en raison de la diversité des entités et des conventions collectives concernées.
La justice a également relevé un « vice de procédure » dans l’information et la consultation des comités sociaux et économiques (CSE) des sociétés concernées. Auchan s’était contenté de communiquer des données économiques globales, jugées insuffisantes par le tribunal pour permettre une discussion approfondie sur les difficultés du secteur et les mesures du PSE.
Malgré cette annulation, la direction d’Auchan a rapidement annoncé qu’elle ferait appel de la décision devant la Cour administrative d’appel de Douai, qui devrait rendre son arrêt dans les trois mois. Auchan a insisté sur le fait que le jugement ne critiquait « en rien la qualité du plan de sauvegarde de l’emploi, les efforts et les moyens » mis en œuvre pour limiter les licenciements et faciliter les reclassements. Le groupe a également précisé que le PSE résultait d’un accord collectif signé par la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC, représentant 74% des salariés.
Même si l’invalidation du PSE n’entraîne pas la réintégration automatique des salariés déjà licenciés, elle pourrait ouvrir la voie à des indemnisations devant les prud’hommes pour ceux qui les saisiraient. Le plan social prévoyait la suppression de 2 389 postes, soit 4% des effectifs en France, touchant des fonctions support, des magasins et la logistique. Environ un millier de personnes concernées par le PSE auraient déjà trouvé une solution, dont des reclassements internes.