Worldline, autrefois considéré comme un fleuron du secteur des paiements électroniques, traverse une période de turbulences sans précédent. Sa valeur en Bourse de Paris s’est effondrée de 93 % en seulement trois ans, atteignant 750 millions d’euros. Cette dégringolade spectaculaire est le reflet de trois années difficiles, marquées par des résultats financiers décevants et une perte de confiance des marchés. Les alertes se sont multipliées, notamment en octobre dernier où l’action a plongé de 59 % en une seule séance après une révision à la baisse des objectifs annuels.
Face à cette situation critique, Worldline a lancé un plan de départs volontaires en 2024, entraînant le départ d’environ 260 personnes en France, soit 6 % des effectifs. Ce plan s’inscrit dans le cadre du projet de transformation « Power24 », visant à renforcer la compétitivité du groupe en réduisant ses coûts de 200 millions d’euros à partir de 2025. Ces mesures interviennent après une série de grèves inédites en 2022, ajoutant à la pression déjà forte sur l’entreprise.
La réputation de Worldline a également été lourdement entachée par l’enquête des « Dirty Payments », révélée par plusieurs médias européens. Cette enquête a mis en lumière les activités controversées de Worldline avec des sites de jeux en ligne et de pornographie, soulevant des questions sur la conformité de ses opérations et d’éventuels blanchiments d’argent. En juillet 2023, l’autorité allemande des marchés financiers avait déjà émis des avertissements à ce sujet. L’affaire a pris une tournure judiciaire en Belgique, où une enquête a été ouverte sur la filiale locale du groupe de paiement.
Malgré un « festiday » annuel organisé pour ses employés et leurs familles, l’ambiance au sein de l’entreprise reste empreinte d’incertitude. L’effondrement boursier, les plans sociaux et les scandales éthiques pèsent lourdement sur l’avenir de Worldline, qui doit désormais regagner la confiance des investisseurs et restaurer son image.
