vignoble-bordeaux-workers
Le plus grand vignoble de France, en Gironde, dépend fortement d'une main-d'œuvre étrangère. Ces travailleurs font face à des conditions de travail difficiles et des hébergements précaires. Le recours aux prestataires de services s'est développé, mais expose les saisonniers à des risques d'exploitation.

Le vignoble de Gironde, le plus vaste de France avec ses 100 000 hectares et sa production annuelle de 600 millions de bouteilles, repose largement sur une main-d’œuvre étrangère. Ces travailleurs, souvent originaires d’Europe de l’Est et du Sud, ainsi que du Maghreb, sont confrontés à des conditions de travail difficiles, des hébergements précaires et des risques sanitaires significatifs.

Chaque soir, des bus immatriculés en Roumanie affluent vers le parking du supermarché Lidl de Pauillac, une commune viticole de 5 000 habitants. Des dizaines d’hommes et de femmes en descendent, les visages marqués par une journée éreintante passée à vendanger les grands crus médocains sous le soleil estival. Ils se hâtent de faire leurs courses pour le repas du soir avant de reprendre la route. Parmi eux, Alexandru, 16 ans, et son frère Darrel, déjà six saisons à son actif dans le Médoc. Ils se forment sur le tas, les gestes de la taille et de l’ébourgeonnage transmis par les anciens. José, 60 ans, vendange pour un domaine prestigieux depuis près de huit ans, justifiant son labeur par un salaire de 10 euros net de l’heure, « mieux payé que les olives ».

Cette présence de travailleurs étrangers n’a pas toujours été aussi prégnante. Au début des années 2000, face aux crises et restructurations, les domaines viticoles ont externalisé certaines tâches, comme la taille et les vendanges, à des sociétés prestataires de services. Ces entreprises fournissent à la fois le matériel et la main-d’œuvre. La préfecture de la Gironde recense aujourd’hui environ 5 000 châteaux et plus de 600 de ces sociétés prestataires de main-d’œuvre agricole immatriculées dans le département.

Malgré les salaires plus attractifs que dans leurs pays d’origine, ces travailleurs sont souvent victimes de conditions d’emploi abusives. Des cas de trafic de main-d’œuvre agricole étrangère ont été mis en lumière dans la région, avec des condamnations pour emploi d’étrangers sans autorisation de travail et aide au séjour irrégulier. Des témoignages font état de journées de travail excédant les huit heures, de salaires horaires bien inférieurs aux normes et de retenues abusives pour le logement et le transport. La Nouvelle-Aquitaine figure parmi les régions qui recrutent activement dans le secteur agricole, notamment pour des postes d’ouvrier agricole.