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La maison Millon disperse un exemplaire inédit et exceptionnellement rare du « Grand Insulaire » d'André Thevet, comprenant 229 cartes dont près de la moitié étaient inconnues. Une mise à prix de 10 000 euros est annoncée pour ce trésor de la cartographie du XVIe siècle, témoin d'un projet éditorial inachevé et d'une valeur historique inestimable.

Un recueil de cartes d’une rareté exceptionnelle, le « Grand Insulaire » du cosmographe André Thevet (1516-1592), sera dispersé le 24 septembre par la maison de ventes parisienne Millon. Cette vente est tellement singulière que Millon a créé pour l’occasion une nouvelle catégorie, « Les Inestimables ».

Ce document est un «recueil réunissant autant de cartes gravées, 229, dont près de la moitié étaient entièrement inconnues jusqu’ici», explique Elvire Poulain-Marquis, experte en livres anciens au sein du Cabinet Poulain. Plutôt qu’une estimation, une mise à prix de 10 000 euros a été fixée, espérant une envolée des enchères. L’experte souligne la difficulté de comparaison, les rares cartes vendues à l’unité atteignant environ 2 000 euros chacune. D’autres recueils de Thevet, comme La Cosmographie universelle ou Les Singularités de la France antarctique, ont déjà été vendus entre 10 000 et 90 000 euros, selon les exemplaires.

Le caractère exceptionnel du Grand Insulaire réside dans ses conditions de réalisation. Il s’agit en fait d’un jeu d’épreuves typographiques destiné à un projet éditorial colossal qui n’a jamais été publié. Ces cartes, gravées vers 1586-1587, accompagnaient un texte manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France (BnF). Les cartes ne sont pas de simples illustrations, mais constituent le cœur du projet, chaque chapitre décrivant l’une d’entre elles. Il existerait seulement quatre à cinq jeux d’épreuves de ces cartes, ce qui en fait des documents d’une rareté inouïe. Ce recueil exceptionnel comporte 229 cartes, dont 90 étaient jusqu’alors inconnues.

André Thevet, moine, explorateur et cosmographe du roi, a eu pour ambition de créer une cartographie exhaustive de toutes les îles du monde, un outil stratégique pour la France au XVIe siècle, alors que les puissances coloniales se disputaient les mers. Son projet initial prévoyait environ 350 cartes, mais les guerres de Religion et les difficultés financières l’ont empêché de l’achever. Le manuscrit du Grand Insulaire, conservé à la BnF, ne contient que 263 chapitres. Le recueil mis en vente par Millon est la version la plus complète connue, faisant de cette vente un événement majeur pour les passionnés de cartographie ancienne et les historiens.