Lors d’une cérémonie à Bercy, où Éric Lombard lui a rendu hommage, Jean Pisani-Ferry a partagé une réflexion empreinte de lucidité et d’autocritique. Il a souligné que le moment actuel exige de chacun une interrogation sur sa responsabilité face à l’état du pays. Il a rappelé son engagement en faveur de l’économie ouverte, de l’intégration européenne et de la transition écologique, tout en déplorant une régression généralisée sur ces fronts. Jean Pisani-Ferry et Eric Lombard sont tous deux membres du « groupe des Arcs », un club informel regroupant de hauts fonctionnaires et économistes de centre gauche.
Jean Pisani-Ferry a commencé sa carrière professionnelle au Cepii (Centre d’études prospectives et d’informations internationales), un institut créé par Raymond Barre à la fin des années 1970 pour analyser l’économie internationale. Il y a travaillé à deux reprises et en a été le directeur de 1992 à 1997. Il a recruté des personnalités comme Agnès Bénassy, Laurence Boone, Lionel Fontagné et Philippe Martin, qui ont formé la « bande du Cepii » et ont défendu une vision positive de l’ouverture économique.
Cependant, Pisani-Ferry admet que les conséquences de cette mondialisation n’ont pas été pleinement anticipées. L’ampleur du choc sur les pays avancés, notamment en termes d’emploi et de développement régional, a été sous-estimée. Il fait référence à l’article de 2013 des économistes américains David Autor, David Dorn et Gordon Hanson sur le « choc chinois », qui a révélé l’impact dévastateur de cette ouverture non accompagnée sur l’emploi et les régions aux États-Unis. Ce phénomène est très probablement à l’origine de l’évolution politique actuelle aux États-Unis, marquant un tournant vers une remise en question des bénéfices de la mondialisation pour tous.
