Les secrets de famille, ces non-dits lourds de conséquences, sont au cœur des préoccupations de nombreux psychologues. Serge Tisseron, psychiatre et spécialiste reconnu, apporte un éclairage essentiel sur leur nature et leur impact. Pour lui, un secret de famille se caractérise par un événement douloureux caché, dont l’existence même est souvent niée par la formule « Chez nous, il n’y a pas de secret ».
Ces silences peuvent engendrer des traumatismes enfouis et se transmettre de génération en génération, provoquant des troubles psychiques chez la descendance. Tisseron souligne que la difficulté ne réside pas tant dans la découverte d’une vérité absolue, mais plutôt dans l’interruption de la communication familiale qu’ils entraînent. Il existe une méthode pour les révéler, mais elle doit être appliquée avec discernement.
Contrairement à une idée répandue, tous les secrets ne sont pas néfastes. Certains protègent notre intimité et nos relations sociales, un droit d’ailleurs reconnu par les démocraties. La question n’est donc pas de tout dévoiler, mais de distinguer les secrets bénéfiques de ceux qui, tels des « bombes à retardement », peuvent détruire l’équilibre familial. Le spécialiste explique que l’essentiel est de rompre avec l’interdit de savoir et de communiquer sur ce qui a été tu.
La libération des secrets de famille passe par l’acceptation que le silence s’oppose à la communication, et non à la vérité. Le premier pas vers la guérison consiste à signifier aux enfants qu’ils ne sont pas responsables des non-dits de leurs aînés. C’est une démarche délicate, mais nécessaire pour se reconstruire et éviter que les traumatismes ne se répercutent indéfiniment. Serge Tisseron propose ainsi une approche structurée pour aborder ces sujets complexes et permettre aux familles de retrouver une communication saine.
