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Une étude récente révèle que la hausse de la mortalité néonatale en France est directement liée aux inégalités socio-économiques, les nourrissons des zones défavorisées étant les plus touchés.

Depuis 2012, la mortalité infantile (décès avant 1 an) connaît une hausse inquiétante en France, contrastant avec la tendance à la baisse observée dans la plupart des pays riches. La France est passée de la 3e à la 23e place européenne en deux décennies, avec environ 1200 décès excédentaires chaque année, concernant principalement les nouveau-nés prématurés. Des facteurs socio-économiques seraient à l’origine de l’augmentation de la mortalité néonatale (décès des nourrissons de moins de 28 jours), selon une étude publiée le 16 septembre dans BMJ Medicine par des chercheurs de l’Inserm, de l’Inrae, de l’université Paris Cité, de l’université Paris Nord et de l’AP-HP.

L’étude révèle que le risque de mortalité néonatale est nettement plus élevé pour les 40 % de bébés dont les familles résident dans les zones économiquement défavorisées. Ces zones sont définies par des critères tels que le taux de chômage, la proportion de population immigrée, de locataires, le nombre de familles monoparentales et le revenu médian. Victor Sartorius, pédiatre à l’hôpital Necker et coauteur de l’étude, souligne que la santé des nourrissons est étroitement liée à celle de leurs mères, qui, dans ces zones, présentent des taux d’obésité et de tabagisme plus importants.

En revanche, pour les 60 % des familles vivant dans des zones plus favorisées, la mortalité néonatale est restée quasi stable entre 2015-2020 et 2001-2008. Dans les territoires les plus défavorisés, le taux de mortalité est 1,7 fois plus élevé par rapport aux zones aisées et continue d’augmenter. Selon le Pr Elie Azria, chef du service maternité à l’Hôpital Saint Joseph, 2500 décès auraient pu être évités entre 2015 et 2020 si le taux des plus défavorisés avait été comparable à celui des zones les plus aisées.

Les chercheurs estiment que cette situation pourrait être due à des facteurs médicaux et à l’état de santé des mères, ainsi qu’aux inégalités territoriales et sociales d’accès aux soins. L’accès aux soins et la capacité des résidents à utiliser le système de santé sont réduits dans les territoires défavorisés. De plus, les unités hospitalières prenant en charge les nouveau-nés en état critique souffrent de sous-effectifs 70% du temps. Pour améliorer la situation, Jennifer Zeitlin, directrice de recherche à l’Inserm, suggère de renforcer les effectifs soignants, d’améliorer leur formation et d’adapter les infrastructures, notamment dans les territoires fragiles.