
Située à Chassieu, entre l’autoroute et l’aérodrome de Bron, la ferme métropolitaine du Grand Lyon est un projet ambitieux visant à approvisionner les cantines des collèges en fruits et légumes bio. Avec un investissement de 2,3 millions d’euros, cette exploitation de 4 hectares a pour objectif de produire 60 à 80 tonnes de légumes par an, de quoi fournir 10 000 repas quotidiens. Mewan Melguen, un des deux maraîchers recrutés par la collectivité, cultive déjà poireaux bleus de Solaize, radis poids d’horloge et d’énormes courges, avec plus de 15 tonnes de légumes déjà produites cette année.
La ferme privilégie une approche collaborative avec les chefs cuisiniers des collèges, adaptant les cultures à leurs besoins. «Les chefs me disent ce dont ils ont besoin et ce qu’ils aimeraient avoir», explique Mewan. Cette initiative permet de valoriser des légumes moins connus des jeunes, comme le salsifis frais, qui offre une saveur très différente des conserves. Pour Jérémy Camus (EELV), vice-président en charge de la politique agricole et de l’alimentation au Grand Lyon, «c’est comme si on étendait le rôle de la collectivité. En plus de cuisiner, on amène nos propres légumes. Il n’y a même pas de transaction financière».
Afin de faciliter le travail des chefs et d’augmenter la part de légumes frais dans les cantines, actuellement bloquée à 30%, la ferme développe des légumes de gros calibre. Mewan prévoit de planter des oignons Alisa Craig, une variété écossaise pouvant peser plus d’un kilo, et des butternuts de plus de 15 kilos pour réduire le temps d’épluchage. Ce choix permet de réintégrer des variétés de fruits et légumes «qui n’avaient pas de débouchés particuliers, ou n’étaient pas adaptés à la restauration collective», ajoute Jérémy Camus.
Certifiée en agriculture biologique, la ferme répond aux cahiers des charges fixés par la métropole écologiste. Mewan, qui a changé de carrière pour se consacrer à cette mission, est fier de «nourrir tous les enfants avec du bio». La métropole a investi 2,3 millions d’euros dans ce projet, soulignant son engagement en faveur de l’agriculture locale et de l’approvisionnement en produits bio pour les cantines, une politique qui a suscité des critiques mais qui commence à porter ses fruits. Un conservatoire situé au parc de Lacroix-Laval permet également d’expérimenter des variétés adaptées au changement climatique, comme un melon local «plutôt résilient».
En plus de la production, la ferme métropolitaine est un laboratoire d’expérimentation agricole. Mewan n’utilise pas d’insecticides chimiques et réduit l’usage d’engrais grâce à un recours massif au compost. Des haies et des mares sont prévues pour favoriser la biodiversité et améliorer la résilience des sols face aux aléas climatiques. Des arbres fruitiers, principalement des pommiers, seront également plantés pour diversifier la production et enrichir les menus des collèges. Cette initiative illustre la volonté du Grand Lyon de soutenir une agriculture durable et locale, tout en offrant une alimentation saine et de qualité aux jeunes.