Le Sénat américain a confirmé de justesse, lundi, la nomination de Stephen Miran à la Réserve fédérale (Fed), à quelques heures d’une réunion cruciale de la banque centrale. Cette confirmation, votée à 48 voix contre 47 par la majorité républicaine, permet à Miran de siéger dès cette semaine à la réunion où sont décidés les taux directeurs. Miran, un proche du président républicain, est l’un des architectes de sa politique économique, notamment les tarifs douaniers. Son arrivée suscite des inquiétudes quant à l’indépendance de la Fed, une institution traditionnellement apolitique.
Les démocrates se sont fermement opposés à sa nomination, craignant qu’il n’agisse que comme un instrument de la volonté du président. Miran, ancien conseiller au ministère des Finances et chef du Conseil des conseillers économiques de la Maison Blanche (CEA), avait affirmé, contre l’avis de la majorité des économistes, que les tarifs douaniers n’avaient pas eu d’impact notable sur l’inflation.
Stephen Miran succède à Adriana Kugler, démissionnaire en août 2025. Il couvrira le reste de son mandat, qui s’achève le 31 janvier 2026. Une situation inédite car Miran a choisi de prendre un congé sans solde de son poste au CEA plutôt que de démissionner complètement. Cette décision a provoqué l’indignation de l’opposition, qui dénonce une « servitude » et craint une érosion de l’indépendance de la Fed. C’est la première fois en 90 ans qu’un membre de la Maison Blanche occupe simultanément un rôle décisionnel à la Fed.
Parallèlement, le président a intensifié ses efforts pour influencer la Fed, critiquant ouvertement le président Jerome Powell et appelant à une baisse des taux d’intérêt. Il a également tenté de révoquer la gouverneure Lisa Cook, l’accusant de fraude hypothécaire. Cependant, une cour d’appel américaine a temporairement bloqué son limogeage, lui permettant de voter lors de la réunion sur les taux d’intérêt. Les marchés anticipent majoritairement une baisse d’un quart de point cette semaine, mais la politisation croissante de la Fed soulève des questions sur la confiance des marchés à long terme.
