Un débat houleux agite la gauche entre deux figures du Nouveau Front Populaire : François Ruffin et Aymeric Caron. Au cœur de la discorde, la pratique de la chasse, que tout oppose. François Ruffin, député de la Somme, a récemment publié un billet de blog en soutien aux chasseurs de gibier d’eau de la baie de Somme, après une altercation estivale avec un militant écologiste et anti-chasse, Pierre Rigaux. Ce dernier avait filmé les chasseurs pour dénoncer leur activité sur les réseaux sociaux, avant d’être placé en garde à vue et de dénoncer la violence des chasseurs.
Dans son texte, François Ruffin défend les chasseurs, qu’il voit comme des représentants de la France rurale et des « perdants de la mondialisation ». Il fustige une certaine « gauche parisienne hors-sol » qui, selon lui, fait preuve de « mépris de classe » envers ces populations. Le député décrit la chasse non pas comme un simple loisir, mais comme une « identité locale, ouvrière, populaire », transmise de génération en génération. Il évoque l’élevage des canards « appelants », la complicité avec le chien, et l’entretien des marais, soulignant le caractère enraciné de cette pratique.
Bien que se disant « défenseur de la cause animale », François Ruffin affirme ne pas être « anti-chasseurs » et exhorte la gauche à ne pas « rallumer la guerre des chasses ». Il critique les activistes qui, selon lui, rivalisent d’inventivité pour « monter la France contre ce bout du pays ».
Sur X (anciennement Twitter), Aymeric Caron, député de Paris et fervent antispéciste, a vivement réagi aux propos de son collègue. Il juge la vision de Ruffin « fausse et dépassée », arguant que « beaucoup de bourgeois pratiquent la chasse et beaucoup de gens aux revenus modestes la détestent ». Il s’interroge sur la légitimité de considérer comme un loisir le fait de tuer des êtres vivants sensibles. Aymeric Caron a même ironiquement invité François Ruffin à le rejoindre à la Fête de l’Huma pour déguster un « excellent burger vegan », une invitation à laquelle Ruffin n’a pas donné suite. La réconciliation n’est visiblement pas à l’ordre du jour entre les deux députés.
