
La chute du gouvernement Bayrou a semé l’inquiétude parmi les entrepreneurs français, déjà confrontés à un contexte économique dégradé. Après l’annonce du Premier ministre de se soumettre à un vote de confiance, l’exaspération a succédé à la stupeur chez les chefs d’entreprise réclamant plus de stabilité et de visibilité. La perspective d’une arrivée de la gauche au pouvoir est une source supplémentaire de préoccupations pour certains d’entre eux.
Samuel Tual, président d’Actual Leader Group et trésorier du Medef, souligne une « anxiété » généralisée due à l’incapacité des politiques à fixer des règles claires en matière de fiscalité. Il déplore la répétition de politiques inefficaces et suggère d’encourager l’activité plutôt que de la freiner par des taxes.
La CPME, présidée par Amir Reza-Tofighi, insiste sur la nécessité d’un « cap économique lisible » pour favoriser l’investissement, l’embauche et la transmission d’entreprises. Elle rappelle que le niveau des prélèvements est déjà record et qu’il est primordial de ne pas alourdir le coût du travail et la fiscalité.
Chez les artisans, malgré une consommation atone, le bilan des douze derniers mois est moins négatif que prévu, selon Joël Fourny, président de CMA France. Cependant, le manque de visibilité politique paralyse les projets d’investissement. Samuel Tual confirme cette tendance, notant que les entreprises n’investissent plus, ce qui impacte directement l’emploi. L’activité d’intérim est en chute depuis 2023, signalant un marché bloqué.
Le blocage politique, s’ajoutant à une situation économique déjà fragile, pourrait recréer un climat délétère comparable à celui de la dissolution de l’an dernier. Samuel Tual alerte sur un risque de « décrochage » de la France. La baisse des carnets de commandes et la fonte des marges sont d’autres motifs d’inquiétude pour les dirigeants.
Les défaillances d’entreprises pourraient atteindre 67 000 cette année, un chiffre supérieur aux 51 000 de 2019, avant la crise sanitaire. En 2024, près de 66 500 défaillances ont été enregistrées en France, marquant une augmentation de 18% par rapport à 2023. Cette situation pousse même certaines entreprises à délocaliser ou à étendre leurs activités à l’étranger.
Malgré ce contexte morose, l’engouement pour la création d’entreprise ne faiblit pas. En 2024, la France a enregistré un record de 1,1 million de nouvelles entreprises, principalement portées par le régime de la microentreprise. L’image de l’entreprise reste positive, avec 62% des sondés ayant confiance dans les entreprises, et même 76% pour les PME.