
À Clermont-Ferrand, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés place des Carmes, devant le siège emblématique de Michelin, pour exprimer leur mécontentement face à la politique actuelle. Une pancarte résumait le sentiment général : « Nous ne sommes ni de droite ni de gauche, nous sommes d’en bas, et nous allons chercher ceux d’en haut. » Ce slogan a été brandi par Lionel, Stéphanie, leur fille Leane, et son amie Juliette, tous en grève et inquiets de la direction prise par le gouvernement.
Leane, 22 ans, adhérente à La France insoumise (LFI), estime que la « vraie fracture a eu lieu après la dissolution et les législatives anticipées ». Elle s’inquiète des violences policières et de la défense des droits des femmes et des personnes LGBTQIA+. Juliette, 23 ans, partage cette orientation politique, mais exprime sa frustration face aux difficultés économiques, ayant dû abandonner ses études faute de moyens. « C’est dur d’être jeune en 2025. On voit le monde partir en sucette, c’est désespérant », confie-t-elle, avec un salaire de 700 € comme vendeuse en bijouterie.
Après les interventions syndicales, un cortège s’est dirigé vers la place de Jaude, au centre-ville. Cependant, la déception était palpable chez certains manifestants, comme Marianne, infirmière, qui s’attendait à une mobilisation plus massive. Mère célibataire, elle dénonce des « services publics à l’agonie » et le système de la tarification à l’acte. Le nombre de manifestants, environ 1 200 personnes, a suscité l’inquiétude quant à une éventuelle « passivité et résignation » de la population, selon Bénédicte, psychomotricienne, déçue de la faible affluence comparée à d’autres mobilisations.
Les tensions sont montées en fin de matinée lorsqu’un groupe d’étudiants a tenté un sit-in dans le centre commercial de Jaude, avant de former une chaîne humaine pour bloquer les entrées. Les forces de l’ordre ont alors eu recours aux gaz lacrymogènes. L’après-midi, le cortège a poursuivi sa route, installant des barrages éphémères. Une « ZOT » (zone d’occupation temporaire) a été mise en place place du 1er-Mai, offrant un espace de discussion et de solidarité pour envisager la suite de la mobilisation.