
La dette publique française, qui a franchi la barre des 3000 milliards d’euros en 2022, a vu son coût annuel considérablement diminuer ces dernières années, passant de plus de 40 milliards en 2014 à moins de 30 milliards en 2020. Cependant, cette tendance semble s’inverser. En 2020, la charge de la dette a atteint un point bas à 29,7 milliards d’euros en comptabilité nationale, pour remonter à 30,4 milliards en 2021, soit une augmentation de 700 millions d’euros. Cette hausse marque la fin d’un cycle de baisse.
Cette légère augmentation entre 2020 et 2021 s’explique par un renchérissement de la charge de la dette de l’État (+500 millions d’euros) et des autres secteurs publics, incluant les collectivités locales et la sécurité sociale (+200 millions d’euros). Ce phénomène est paradoxal, compte tenu de la politique des taux bas, voire négatifs, de la Banque Centrale Européenne. Les primes nettes des décotes ont eu un effet compensateur, mais l’augmentation de la charge sur les titres indexés et la reprise du cycle d’investissement local ont contribué à cette hausse.
La charge de la dette portée par les autres administrations publiques représente 4 milliards d’euros en comptabilité nationale. Les Organismes divers d’administration centrale (ODAC) maintiennent une charge résiduelle constante, tandis que les administrations de sécurité sociale et les collectivités locales voient leur charge augmenter d’environ 100 millions d’euros chacune. Pour la sécurité sociale, cette hausse est liée à l’accroissement de l’endettement de l’Acoss et au coût de l’indemnisation chômage. Pour les collectivités locales, elle est due à la reprise des investissements.
Malgré des taux d’emprunt à 10 ans toujours négatifs pour la France (autour de -0,30% actuellement, et -0,11% en moyenne en 2020), la charge de la dette publique se découple de plus en plus du niveau d’endettement. Une augmentation de 100 points de base des taux d’intérêt sur l’ensemble des maturités de la dette entraînerait un surcoût de 2,5 milliards d’euros la première année, 6 milliards la suivante et 9,1 milliards la troisième. Le « Macronomètre » de l’iFRAP et du Figaro, qui évalue l’action gouvernementale, souligne que la fin de ce cycle de baisse de la charge de la dette est un signal faible à prendre au sérieux, marquant 2021 comme l’amorce d’une hausse inévitable.