Bois-de-Boulogne-night
Depuis l'adoption de la loi de 2016 pénalisant les clients, les personnes prostituées au bois de Boulogne font face à une recrudescence des agressions et du racket, contraintes de s'isoler davantage.

Depuis l’adoption de la loi de 2016 pénalisant les clients, les conditions de vie des personnes prostituées au bois de Boulogne se sont considérablement dégradées. Contraintes de s’isoler davantage dans les fourrés pour éviter les contrôles, elles sont confrontées à un quotidien marqué par les agressions et le racket. Une enquête récente a mis en lumière cette réalité alarmante, six ans après l’entrée en vigueur de la législation.

À 23 heures, Porte d’Auteuil, à la lisière du bois de Boulogne, le bruit du périphérique résonne. Juana*, une Péruvienne transgenre de 55 ans prostituée dans le Bois depuis 2008, ressent la peur. Elle confie les agressions constantes et le fait que des proxénètes arrêtés soient relâchés, ce qui aggrave un sentiment d’insécurité. Si elle le pouvait, elle rentrerait avant que la nuit ne s’assombrisse trop, mais la nécessité l’oblige à prolonger sa veille, n’ouvrant sa portière qu’aux clients qu’elle connaît.

La loi de 2016, qui visait à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, a eu des effets pervers. Bien qu’elle dépénalise les personnes prostituées en abrogeant le délit de racolage, elle pénalise l’achat d’actes sexuels, exposant ainsi les travailleuses du sexe à des risques accrus. La prostitution de rue a diminué, mais s’est déportée vers des zones plus isolées, rendant les travailleuses du sexe plus vulnérables aux violences. De nombreuses associations, dont Médecins du Monde, dénoncent cette loi, la jugeant « préjudiciable » et hypocrite, et réclament son retrait.

Les agressions sont fréquentes, et les cas de violences, y compris des viols, sont rapportés. Un homme surnommé « El Indiano » a récemment été mis en examen pour des viols présumés sur plusieurs prostituées du bois de Boulogne, utilisant des méthodes violentes comme des clés d’étranglement. Les victimes hésitent souvent à porter plainte, craignant d’être stigmatisées ou en raison de leur situation irrégulière. Cette situation soulève des questions sur l’efficacité de la loi et la protection des personnes les plus vulnérables du système prostitutionnel.