
Quelques heures seulement après le tremblement de terre dévastateur qui a frappé l’Afghanistan, causant la mort de plus de 2200 personnes, le Pakistan a intensifié sa campagne d’expulsion des Afghans. Cette initiative a contraint environ 20 000 personnes, y compris des milliers de détenteurs de cartes de réfugiés de l’ONU, à quitter le territoire pakistanais. Ces chiffres ont été compilés par les autorités frontalières du Pakistan.
L’Organisation des Nations Unies a fermement appelé Islamabad à suspendre ces expulsions, surtout au vu du séisme le plus meurtrier de l’histoire récente de l’Afghanistan. Cependant, le porte-parole de la diplomatie pakistanaise a riposté en affirmant le droit souverain de son pays : « C’est notre territoire et on décide de qui reste sur notre sol. » Il a ajouté que « Aucun pays n’a été aussi généreux que le Pakistan. Cela fait plus de 50 ans. Nous disons que tous ceux qui n’ont pas de papiers doivent partir (…) c’est ce que ferait n’importe quel pays. »
Le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits humains en Afghanistan, Richard Bennett, avait auparavant exhorté le Pakistan à « au moins suspendre les expulsions prévues », qualifiant cela de « geste de voisin compatissant ». Plus tard, le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, avait également demandé une suspension du « Plan de rapatriement des étrangers illégaux » compte tenu des circonstances actuelles. Néanmoins, des milliers d’Afghans ont continué de traverser la frontière de Torkham, vers des zones déjà gravement touchées par le séisme.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) rapporte que 270 000 migrants de retour du Pakistan se sont récemment installés dans les trois provinces afghanes ravagées, toutes frontalières du Pakistan. L’OMS craint que cette affluence n’exerce « une pression sur des ressources déjà limitées et une augmentation des risques secondaires pour ces communautés, comme des épidémies nées de la promiscuité et du manque d’hygiène. » Des témoignages poignants de sinistrés révèlent qu’ils commençaient tout juste à reconstruire leur vie en Afghanistan lorsque la catastrophe a frappé.
Le Pakistan n’est pas le seul à renvoyer massivement les Afghans ; l’Iran mène également une campagne similaire. Ensemble, ces deux nations ont déjà forcé le retour de plus de quatre millions d’Afghans, suscitant l’alarme de l’ONU concernant des « retours forcés ». Des familles afghanes cherchant à se réinstaller en Allemagne, souvent via Islamabad faute d’ambassade à Kaboul, témoignent de descentes des forces de sécurité pakistanaises, menant à l’arrestation d’Afghans dans des lieux d’hébergement pourtant recommandés par les autorités allemandes.