
La loi de programmation pour la recherche, adoptée le 20 novembre 2020, vise à transformer le paysage de la recherche publique française en s’inspirant notamment du modèle allemand. L’objectif est d’accroître le financement de la recherche, de 2,2% à 3% du PIB d’ici 2030, soit un investissement supplémentaire de 25 milliards d’euros. Au-delà des chiffres, la réforme entend améliorer l’attractivité des carrières scientifiques et ouvrir davantage la science à la société.
Historiquement, la recherche publique française se caractérise par une forte proportion de personnels titulaires, contrairement à l’Allemagne où les chercheurs contractuels sont majoritaires, à l’exception des professeurs. Cette différence a souvent conduit à un exode des meilleurs talents français vers l’Allemagne ou les États-Unis, attirés par des budgets de recherche plus conséquents et une compétition stimulante.
La nouvelle loi introduit plusieurs mesures pour assouplir les modalités d’embauche et favoriser la contractualisation, à l’image du modèle outre-Rhin. Parmi elles, la création de contrats de pré-titularisation pour des « professeurs juniors » sur 3 à 6 ans, et des contrats postdoctoraux destinés à faciliter la transition vers des postes pérennes. Elle prévoit également des « Contrats à Durée Indéterminée de mission scientifique » pour des projets spécifiques. Des assouplissements concernent aussi la possibilité pour les chercheurs publics de créer des entreprises ou de cumuler des activités privées.
Ces changements, bien que contestés par certains qui y voient une remise en question du statut de fonctionnaire, visent à réduire le taux de chômage des docteurs en France, qui était d’environ 10% trois ans après l’obtention du doctorat, contre seulement 2% en Allemagne. La Fondation iFRAP, qui évalue les réformes gouvernementales via son « Macronomètre », salue cette loi avec une note de 7/10, estimant que la transition vers plus de contractualisation et de passerelles entre public et privé va dans le bon sens.