
Face à l’augmentation des arrêts maladie, la Sécurité sociale lance une campagne visant les médecins généralistes dont les prescriptions sont jugées trop élevées. Dès ce lundi 1er septembre, près de 500 praticiens sont mis sous surveillance, avec pour objectif de réduire leurs prescriptions de 20 à 30% sur une période de six mois. Cette mesure concerne les médecins qui prescrivent un nombre d’arrêts de travail au moins deux fois supérieur à celui de leurs confrères.
L’Assurance maladie a prévenu les médecins concernés par téléphone, ciblant ceux qui, malgré des propositions d’accompagnement antérieures, maintiennent un niveau de prescription très élevé par rapport à leurs confrères de la même région, à patientèle et territoire d’exercice comparables.
Cette initiative suscite une vive opposition de la part des syndicats de médecins. Sophie Bauer, présidente du Syndicat des médecins libéraux (SML), qualifie cette mesure d’«aberration» et d’«anti-déontologique». Elle souligne que l’arrêt de travail est un traitement et que contraindre les médecins à le restreindre est inacceptable. Agnès Giannotti, présidente de MG France, critique également la campagne, arguant qu’elle cible principalement les arrêts longs et que les médecins ne prescrivent pas d’arrêts de longue durée sans réelle nécessité pour le patient.
Les syndicats ont recommandé aux généralistes de refuser cette «mise sous objectifs». Un refus entraîne une «mise sous accord préalable», où toutes les prescriptions d’arrêt maladie du médecin sont soumises à l’approbation du service de contrôle médical de l’Assurance maladie.
Ce dispositif n’est pas nouveau. Une campagne similaire menée entre 2023 et 2024 avait permis de générer près de 160 millions d’euros d’économies. La Sécurité sociale justifie le retour de cette mesure par la forte hausse des dépenses d’indemnisation des arrêts maladie, qui ont augmenté de 8% au premier semestre 2024. Bien que des facteurs démographiques et économiques expliquent 60% de cette hausse, 40% restent inexpliqués, selon la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam).