La question de l’impact des droits de douane sur l’environnement refait surface avec les politiques protectionnistes, notamment sous l’administration de Donald Trump. L’idée provocatrice est que ces barrières commerciales, en freinant la mondialisation, pourraient involontairement bénéficier à la planète. Lionel Fontagné, professeur d’économie à la Paris School of Economics et spécialiste du commerce, reconnaît la pertinence de cette interrogation.
Depuis un quart de siècle, l’augmentation rapide du commerce international a coïncidé avec une hausse significative des émissions de CO2. Ce lien apparent pousse à se demander si une réduction des échanges, via le protectionnisme, pourrait inverser cette tendance. Le protectionnisme est une politique économique visant à protéger les producteurs nationaux de la concurrence étrangère, souvent par l’instauration de taxes sur les importations, les droits de douane .
Cependant, réduire le protectionnisme aux seuls droits de douane serait une erreur. Des mesures plus complexes sont nécessaires pour obliger les multinationales à intégrer les coûts environnementaux de leurs activités. En effet, les règles actuelles du commerce international tendent à favoriser les modes de production polluants, avec des droits de douane souvent plus bas pour les biens à fort impact environnemental .
Historiquement, l’escalade des mesures protectionnistes dans les années 1930 a eu des conséquences économiques néfastes, tandis que la période d’après-guerre, marquée par la baisse progressive des barrières douanières, a coïncidé avec une prospérité accrue .
Les études suggèrent que l’impact réel des droits de douane sur les émissions de gaz à effet de serre est complexe et dépend de nombreux facteurs, y compris les modes de production plutôt que seulement le transport des biens . Les politiques protectionnistes peuvent stimuler temporairement certaines industries nationales, mais elles risquent de perturber les relations commerciales internationales et de créer une instabilité économique globale . Lionel Fontagné lui-même a analysé les erreurs liées aux droits de douane et leurs impacts macroéconomiques .
