
L’analyse des eaux usées est devenue un outil précieux pour anticiper l’évolution de l’épidémie de Covid-19. Grâce à la détection des traces virales, il est possible de suivre la propagation du virus avec environ une semaine d’avance par territoire. Le réseau Obépine (Observatoire épidémiologique des eaux usées), créé durant la crise sanitaire, a pour mission de renforcer la recherche sur cette méthode et de constituer une base de données sur les agents pathogènes, y compris le Covid et ses variants. Ce réseau de surveillance couvre près de 60 villes depuis mars 2020.
Jusqu’à récemment, ces données cruciales n’étaient pas accessibles au grand public. Cependant, suite à une demande formulée par l’observatoire lui-même auprès du ministère de la Recherche en novembre 2020, une avancée majeure a eu lieu : depuis le 25 janvier, ces informations sont disponibles sur le site du réseau Obépine. Cette décision est saluée comme un pas décisif vers plus de transparence dans la gestion de la crise sanitaire, et ce, d’autant plus que ces données seront essentielles pour une gestion plus territorialisée de l’épidémie.
Néanmoins, deux bémols persistent. D’abord, les collectivités locales peuvent consulter ces données 72 heures avant leur mise en ligne publique. Ensuite, et c’est un point de friction important, les données brutes ne sont pas rendues publiques. Cette réticence des chercheurs, qui arguent que les données brutes « ne veulent rien dire en tant que tel », empêche toute contre-analyse par des groupes de recherche indépendants. Cette situation souligne la difficulté d’établir une transparence totale sur les données publiques en France, malgré les 3 millions d’euros débloqués par le ministère pour les universités membres du groupement. La Fondation iFRAP, via son Macronomètre, a attribué la note de 7/10 à cette décision, soulignant le progrès tout en pointant du doigt les marges d’amélioration en matière de transparence.