
Un accord crucial entre la France et le Royaume-Uni concernant le retour de migrants traversant la Manche en « small boats » a été signé et entrera en vigueur ce mercredi. Initialement, le Premier ministre britannique, Keir Starmer, avait annoncé sa mise en application immédiate, mais le cabinet de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur français, a précisé que l’accord serait effectif dès le 7 août. Ce dispositif expérimental vise à endiguer les traversées illégales, souvent organisées par des réseaux de passeurs, qui ont déjà causé la mort de 18 personnes cette année.
Cet accord, dont la durée s’étend jusqu’en juin 2026, ne détaille pas encore le nombre précis de migrants concernés, mais il est conçu pour être évolutif. Yvette Cooper, ministre de l’Intérieur britannique, a confirmé sur la BBC que le programme débutera avec un nombre limité de retours avant d’être potentiellement étendu. La Commission européenne a d’ailleurs donné son feu vert à cette approche, qualifiée d’« innovante pour décourager l’immigration illégale ».
Concrètement, la France acceptera les migrants arrivés au Royaume-Uni par « small boat » dont la demande d’asile est jugée irrecevable. En contrepartie, Londres accueillera des personnes se trouvant en France ayant des liens avérés avec le Royaume-Uni, et dont la demande a été faite via une plateforme en ligne. Les deux nations ont souligné que tous les migrants concernés feront l’objet d’un examen sécuritaire approfondi. L’objectif commun, selon Bruno Retailleau, est de « casser les filières » de l’immigration clandestine.
Malgré l’approbation du commissaire européen aux questions migratoires, Magnus Brunner, l’accord suscite des réactions mitigées. Des pays du sud de l’Europe craignent un report des migrants vers le premier pays d’entrée dans l’UE. En France, des élus du nord et des associations d’aide aux migrants critiquent le dispositif, le jugeant trop favorable aux Britanniques et potentiellement contraire aux textes internationaux sur la protection des réfugiés. Cette initiative intervient alors que le Royaume-Uni fait face à une augmentation record des arrivées de migrants, plaçant le gouvernement de Keir Starmer sous forte pression.