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La pollution plastique est désormais reconnue comme un "danger grave et croissant" pour la santé humaine et planétaire. À la veille de négociations cruciales à Genève pour un traité mondial, un rapport du *Lancet* met en lumière les impacts sanitaires sous-estimés et les coûts économiques colossaux de cette crise.

La pollution plastique représente une menace bien plus large que les seuls impacts environnementaux ou climatiques. Une étude récente alerte sur ses dangers « graves et croissants » pour la santé humaine et planétaire. Cette mise en garde intervient juste avant l’ouverture, le 5 août à Genève, d’une session cruciale de négociations pour l’élaboration d’un traité mondial sur la pollution plastique, un processus qui se heurte à une forte opposition des pays producteurs de pétrole et de gaz.

Une trentaine de chercheurs issus d’institutions académiques de renom ont publié, le 4 août, un rapport dans la revue *The Lancet*. Ce document compile les données les plus récentes concernant les multiples effets sanitaires des plastiques. Inspirés par l’initiative existante pour le climat, ils lancent le « Lancet Countdown on Health and Plastics », un observatoire mondial indépendant. Ce nouvel outil aura pour mission de documenter sur le long terme les conséquences de la pollution plastique sur la santé et de suivre les progrès réalisés pour atténuer ces effets.

Les experts soulignent que les plastiques sont responsables de maladies et de décès, de l’enfance à la vieillesse, et entraînent des pertes économiques liées à la santé estimées à plus de 1 500 milliards de dollars par an. L’étude met en lumière que la production mondiale de plastique, qui a été multipliée par plus de 200 depuis 1950, pourrait presque tripler d’ici 2060 si aucune mesure n’est prise. Actuellement, moins de 10 % du plastique est recyclé, le reste étant incinéré, mis en décharge ou abandonné dans l’environnement. Le rapport insiste sur l’urgence d’une action, car le monde ne peut pas « recycler pour sortir de la crise de la pollution plastique ».

Les substances chimiques présentes dans les plastiques, dont 16 000 sont utilisées, peuvent s’introduire dans le corps humain par diverses voies, comme l’ingestion ou l’inhalation de microplastiques. Ces expositions sont associées à des risques accrus de problèmes de santé tels que des troubles de la reproduction, des malformations congénitales, des cancers et des problèmes cardiovasculaires. Les populations vulnérables, notamment les enfants, sont particulièrement affectées. Les travailleurs de l’industrie du plastique et les communautés vivant à proximité des usines sont également surexposés à des substances toxiques. L’absence de transparence sur les composants chimiques des plastiques et leur toxicité rend difficile une évaluation complète des risques, entravant la capacité des régulateurs et des consommateurs à prendre des décisions éclairées.

La session de négociations à Genève, qui réunit des représentants de près de 180 pays jusqu’au 14 août, est considérée comme la « dernière chance » d’aboutir à un traité juridiquement contraignant. Cependant, de nombreux points de désaccord persistent, notamment sur la limitation de la production de plastique vierge et la gestion des substances chimiques dangereuses. Des pays comme l’Arabie saoudite, l’Iran et la Russie s’opposent à l’instauration d’objectifs contraignants, préférant se concentrer sur le recyclage. Face à cette crise, les scientifiques appellent les dirigeants mondiaux à placer la santé humaine au cœur des débats et à parvenir à un accord efficace.