
Longtemps avant d’être associé aux préoccupations environnementales actuelles, le végétarisme trouvait ses racines dans des motivations liées à la santé humaine. Cette pratique millénaire, consistant à s’abstenir de viande, est favorable si elle est pensée et conduite de manière équilibrée. Valérie Chansigaud, historienne des sciences et de l’environnement, souligne dans ses travaux que cette association entre abstinence de viande et bien-être physique est profondément ancrée dans l’histoire, bien avant l’ère contemporaine où l’écologie domine le discours.
Dès la Renaissance, des penseurs prônaient une forme de végétarisme, non pas pour des raisons écologiques, mais parce que la consommation de viande était alors perçue comme un signe de débauche. Cette vision était probablement influencée par la pensée chrétienne, qui condamnait les excès en général. Les écrits bibliques, notamment, servaient de référence à certains mouvements militants du 18e siècle, qui interprétaient le régime originel d’Adam et Ève comme végétarien, l’autorisation de manger des animaux n’étant accordée à l’humanité qu’à partir de Noé, et ce, dans un contexte de corruption générale.
Le mouvement végétarien a connu plusieurs phases, avec une forte impulsion au 19e siècle dans les pays anglo-saxons. Des figures comme Percy Bysshe Shelley ont alors introduit une dimension politico-économique, soulignant le gaspillage des ressources lié à la production de viande. Cependant, la motivation hygiéniste et la recherche d’une meilleure santé ont toujours été des moteurs essentiels de cette pratique. L’idée que manger de la viande n’était pas naturel et qu’un retour à une alimentation végétale restaurerait la santé était très présente.
Aujourd’hui, si l’éthique animale et l’environnement occupent une place prépondérante dans le choix du végétarisme, la dimension santé reste un pilier fondamental. Une alimentation végétarienne, bien que bénéfique, doit être soigneusement équilibrée pour éviter les carences en nutriments essentiels comme la ferritine, la vitamine B12 ou les oméga 3. L’histoire du végétarisme est donc celle d’une quête constante de bien-être, adaptée aux préoccupations de chaque époque.