Le rapport 2025 de l’Office antistupéfiants (Ofast), un document à diffusion restreinte, décrit une situation alarmante en France, qualifiée de « tsunami blanc » par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Ce rapport de soixante-deux pages, consulté par Le Monde, souligne que la prolifération de drogues comme la cocaïne et l’ecstasy constitue désormais une « menace existentielle » pour le pays.
La France est devenue l’un des pays européens les plus touchés par les trafics, qui ne se limitent plus aux voies maritimes mais exploitent également les routes aériennes et les grands couloirs routiers des Balkans ou de l’Asie centrale.
Le constat principal est une augmentation notable de la consommation de cocaïne, alimentée par une production abondante et une demande soutenue. En 2023, l’Office français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a recensé 3,7 millions d’expérimentateurs adultes (ayant essayé la cocaïne au moins une fois) et 1,1 million d’usagers (ayant consommé au moins une fois dans l’année). Ces chiffres, qui ont presque doublé en six ans, témoignent de la facilité d’accès et de la diffusion croissante de cette substance. La pureté de la cocaïne a également augmenté, passant de 46% en 2011 à 73% en 2023, tandis que son prix reste relativement stable. La production mondiale de cocaïne a atteint des niveaux records en Colombie, en Bolivie et au Pérou, avec 2 700 tonnes en 2022.
Les narcotrafiquants s’appuient sur cette productivité pour inonder le marché français. La lutte contre ce phénomène est une priorité pour le gouvernement, avec des saisies de cocaïne en constante augmentation, atteignant 23,5 tonnes en 2023 et 47 tonnes en 2024, un niveau record. Les modes de distribution des drogues illicites ont également évolué, avec l’émergence de livraisons à domicile et l’utilisation des réseaux sociaux facilitant la mise en relation entre trafiquants et consommateurs.
