
Chaque année, les infections respiratoires sont responsables de milliers de décès en France. En 2022, les maladies respiratoires (hors Covid-19) ont représenté la troisième cause de décès, avec une forte progression, se rapprochant des niveaux d’avant la crise sanitaire. Cependant, il est possible que ces virus aient des effets plus insidieux et différés dans le temps. Des travaux récents, publiés le 30 juillet dans la revue *Nature*, suggèrent que la grippe ou le Covid-19 pourraient réactiver des cellules cancéreuses dormantes, favorisant ainsi le développement de métastases.
Ces conclusions proviennent d’expériences menées sur des souris, qui ont démontré que l’infection par ces virus peut suffire à réveiller ces cellules. Les résultats expérimentaux sont corroborés par des données épidémiologiques, selon les chercheurs. L’équipe de recherche internationale, dirigée par James DeGregori, directeur adjoint du centre du cancer de l’université du Colorado aux États-Unis, a utilisé plusieurs modèles de souris développant des cancers du sein. Leur objectif était d’étudier les interactions complexes entre les infections virales et la progression du cancer.
Les infections respiratoires, comme la grippe et le Covid-19, déclenchent une inflammation qui peut réactiver les cellules souches dormantes dans les poumons. Cela conduit à une prolifération massive de cellules métastatiques quelques jours après l’infection, et à l’apparition de lésions métastatiques en deux semaines. James DeGregori compare les cellules cancéreuses dormantes à des braises et les virus respiratoires à un vent violent qui les rallume. L’interleukine-6 (IL-6), une protéine libérée par les cellules immunitaires en réponse aux infections, serait un médiateur clé de ce réveil. L’identification de l’IL-6 suggère que des inhibiteurs de cette protéine ou d’autres immunothérapies ciblées pourraient prévenir la résurgence des métastases après une infection virale.