Albert Moukheiber, docteur en neurosciences et psychologue clinicien, s’attache à déconstruire les nombreuses idées reçues sur le cerveau, souvent dangereuses et motivées par des intérêts idéologiques ou commerciaux. Il a exercé à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et enseigne actuellement à l’École des psychologues praticiens (EPP). Cofondateur de l’association Chiasma, il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont « Votre cerveau vous joue des tours » (Allary éditions, 2019), adapté en documentaire sur Arte, et plus récemment, « Neuromania. Le vrai du faux sur le cerveau » (Éd. Allary, 2024), ainsi que le coauteur du livre jeunesse « Le Cerveau pas bête » (Bayard jeunesse, 2023).
Dans son dernier ouvrage, « Neuromania », Albert Moukheiber explore l’histoire des neurosciences pour mieux comprendre l’origine des mythes persistants sur le cerveau. Selon lui, de nombreux discours et fausses croyances sur cet organe ne sont pas nouveaux. Il souligne que, depuis toujours, le cerveau a été comparé à la technologie de l’époque, ce qui a contribué à la propagation de ces idées. L’objectif de son livre est de permettre aux lecteurs de démêler le vrai du faux et de développer un regard plus lucide sur le fonctionnement de notre esprit et celui des autres.
Aujourd’hui, une tendance à vouloir tout expliquer par le cerveau est observée, qu’il s’agisse de nos émotions, de nos addictions, de nos croyances ou de nos capacités à changer. Cette « neuromania » peut cependant entraîner des raccourcis, des approximations, voire des contrevérités. Albert Moukheiber insiste sur le fait qu’il est crucial de ne pas réduire tous les problèmes à l’individu et à son cerveau, ni de faire dire aux neurosciences ce qu’elles ne disent pas. En rendant accessibles les dernières études, il vise à rétablir la vérité scientifique et à libérer le public de ces idées préconçues.
Un exemple frappant de neuromythe est l’idée selon laquelle nous n’utiliserions que 10% de notre cerveau. Cette affirmation est pourtant totalement fausse et a été largement réfutée par les progrès de l’imagerie médicale, qui montrent que l’ensemble du cerveau est constamment sollicité, bien que chaque région ne soit pas active au même instant. Ces fausses croyances peuvent être dangereuses, car elles alimentent de faux espoirs et des méthodes inefficaces pour « booster » nos capacités. En apprenant à identifier ces neuromythes, nous pouvons mieux comprendre comment se forment nos opinions et déjouer les biais cognitifs.
