Europe-USA-trade-deal
L'accord commercial récent entre l'UE et les États-Unis, imposant 15% de droits de douane sur les exportations européennes, est perçu comme inéquitable et humiliant. Malgré des critiques acerbes en Europe, cet accord vise à stabiliser les relations commerciales face aux menaces tarifaires. L'UE s'engage à d'importants achats d'énergie américaine en retour. Un signal d'alarme pour la souveraineté européenne.

L’Europe a un goût de bile ce lundi 28 juillet, au lendemain de l’accord commercial scellé en Écosse par la présidente de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, et Donald Trump. Cet accord est jugé inéquitable et humiliant pour l’UE. En effet, l’Union européenne accepte que la quasi-totalité de ses exportations de biens vers les États-Unis soient soumises à des droits de douane de 15%, sans obtenir de réciprocité significative en retour. Après avoir été menacée de taxes à 20% en avril, puis de 30% en juillet, elle se contente d’un moindre mal, ce qui est perçu comme une véritable reddition.

Une autre issue était-elle envisageable ? Dans les négociations qui se sont déroulées sur trois mois et demi, la Commission européenne aurait pu manquer une occasion décisive le 9 avril, lorsque Donald Trump, surpris par la réaction violente des marchés obligataires, a suspendu l’offensive tarifaire qu’il avait lancée le 2 avril. À ce moment, Bruxelles a également suspendu ses propres mesures.

Cet accord, bien que présenté par Donald Trump comme « le plus important » jamais conclu, est loin de faire l’unanimité. Si certains, comme l’Allemagne et l’Italie, y voient un moyen d’éviter une escalade commerciale désastreuse, notamment pour l’industrie automobile allemande, la France et la Hongrie ont exprimé de vives critiques. Le Premier ministre français, François Bayrou, a même qualifié ce jour de « sombre » pour l’Europe, estimant qu’elle « se résout à la soumission ».

Outre les droits de douane de 15% sur les importations européennes, l’UE s’est engagée à acquérir pour 750 milliards de dollars de produits énergétiques américains sur trois ans, ainsi qu’à réaliser 600 milliards de dollars d’investissements supplémentaires aux États-Unis. Ces engagements, dont la faisabilité est parfois remise en question, visent notamment à remplacer les importations de gaz russe. Certains secteurs européens, comme l’aéronautique et les semi-conducteurs, bénéficient cependant d’exemptions.

Malgré les avis partagés, cet accord est considéré par beaucoup comme un signal d’alarme pour l’Europe, soulignant la nécessité de renforcer sa puissance économique et sa souveraineté face aux pressions extérieures.