
La pétition contre la loi Duplomb, visant notamment la réintroduction sous conditions d’un pesticide interdit depuis 2018 en France, a dépassé les deux millions de signatures sur le site de l’Assemblée nationale ce lundi 28 juillet. Lancée le 10 juillet par une étudiante de 23 ans, Eléonore Pattery, la pétition a connu un succès inédit, atteignant 500 000 signatures en seulement quelques jours, un record pour le portail de l’Assemblée.
Ce seuil historique ouvre la voie à un débat à l’Assemblée nationale, même si celui-ci ne permettra pas de revenir sur les dispositions déjà adoptées de la loi. La pression s’intensifie sur le gouvernement, sommé par la gauche, les ONG et une opinion publique mobilisée d’abroger ce texte controversé. Les Écologistes ont qualifié la situation d’« historique », réclamant un réexamen de la loi et demandant au gouvernement de ne pas laisser les citoyens « sans réponse » face à cette mobilisation massive.
La pétition, abondamment relayée sur les réseaux sociaux par des personnalités telles que l’acteur Pierre Niney ou le musicien Julien Doré, demande l’abrogation « immédiate » de la loi et une révision de ses conditions d’adoption, ainsi qu’une consultation citoyenne. Le succès de cette initiative citoyenne prouve que « l’intelligence collective existe et qu’elle triomphera, tôt ou tard », a commenté Eléonore Pattery.
La loi Duplomb-Menonville est principalement critiquée pour la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018 mais autorisé en Europe. Si les producteurs de betteraves et de noisettes réclament son usage, arguant d’une concurrence déloyale et d’un manque d’alternatives, les apiculteurs dénoncent un « tueur d’abeilles ». Les effets de l’acétamipride sur la santé humaine suscitent également des préoccupations, bien que les études d’ampleur soient encore limitées.
Le texte, définitivement adopté par le Parlement, est désormais entre les mains du Conseil constitutionnel, qui doit rendre sa décision « a priori » le 7 août. Cette décision pourrait censurer tout ou partie de la loi, les parlementaires de gauche ayant saisi le Conseil, estimant le texte incompatible avec la préservation de l’environnement et le droit à la santé. Le président Emmanuel Macron a indiqué qu’il attendrait l’avis des Sages avant de se prononcer, tandis que la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a affirmé que la loi serait « de toute façon promulguée ». Un sondage révèle d’ailleurs que 61% des Français sont défavorables à cette loi.