
La pétition s’opposant à la loi Duplomb, qui vise à autoriser, sous certaines conditions, la réintroduction d’un pesticide interdit en France depuis 2018, connaît un succès retentissant. Elle a récemment dépassé les **deux millions de signatures**, marquant une mobilisation citoyenne inédite. Cette pétition, portée par Éléonore Pattery, une étudiante de 23 ans, demande l’abrogation « immédiate » du texte et la révision démocratique des conditions de son adoption, en l’absence d’un débat parlementaire approfondi.
Le cap des 500 000 signatures avait déjà été franchi, une première sur le portail de l’Assemblée nationale, ouvrant ainsi la voie à un débat dans l’hémicycle. Cette étape cruciale intensifie la pression sur le gouvernement, déjà interpellé par la gauche et les organisations non gouvernementales. Un récent sondage révèle qu’une majorité de Français, 61%, sont défavorables à cette loi, et 64% souhaitent qu’Emmanuel Macron ne la promulgue pas, préférant une nouvelle délibération au Parlement.
La loi « Duplomb-Menonville » est vivement critiquée, notamment pour la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide banni en France mais autorisé en Europe. Les producteurs de betteraves et de noisettes réclament son usage, estimant manquer d’alternatives face aux ravageurs et subir une concurrence déloyale. En revanche, les apiculteurs alertent sur les dangers de ce produit, qu’ils qualifient de « tueur d’abeilles ». Les potentiels effets sur la santé humaine, bien qu’encore incertains faute d’études approfondies, suscitent également de vives inquiétudes.
L’exécutif reste discret face à cette mobilisation. Le président Emmanuel Macron a indiqué attendre la décision du Conseil constitutionnel avant de se prononcer, appelant à concilier « science » et « juste concurrence ». La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a affirmé que le texte serait « de toute façon promulgué », jugeant « extrêmement périlleux » une seconde délibération. Le Conseil constitutionnel devrait rendre sa décision « a priori » le 7 août, ce qui pourrait modifier ou censurer tout ou partie de la loi. Après cette étape, le président pourra décider de promulguer le texte ou de demander une nouvelle délibération au Parlement, comme le réclame une partie de la classe politique.