
L’accord commercial récent entre l’Union européenne et les États-Unis, annoncé par Donald Trump et Ursula von der Leyen depuis l’Écosse, suscite des réactions mitigées. Alors que la présidente de la Commission européenne le qualifie de «bon accord», Thierry Breton, ancien commissaire européen au marché intérieur, exprime de sérieuses réserves. Selon lui, ce compromis illustre la volonté de l’administration américaine d’«imposer au monde entier sa vision sur le commerce international», une vision désormais «principalement dirigée dans l’intérêt des États-Unis». Il a même remis en question l’appellation même d’«accord» lors de son intervention sur BFM TV.
Cet accord prévoit des surtaxes de 15% sur les produits européens exportés vers les États-Unis, une baisse par rapport aux 30% initialement envisagés. Malgré cette réduction, Thierry Breton estime que les entreprises européennes seront confrontées à un surcoût significatif. Si cette entente apporte une période de «stabilité», mettant fin aux incertitudes des derniers mois, la situation économique pour les exportateurs européens semble s’être détériorée depuis le début du second mandat de Donald Trump.
L’ancien ministre de l’Économie souligne qu’avant le 20 janvier dernier, les entreprises européennes devaient s’acquitter en moyenne de 1,7% de droits de douane pour accéder au marché américain, avec un dollar proche de l’euro. Aujourd’hui, en plus des 15% de surtaxes douanières, elles doivent faire face à un «effet dollar» défavorable, la devise américaine ayant baissé de 12,7%. Au total, cela représente une augmentation de «25%» des coûts pour exporter vers les États-Unis par rapport à la situation antérieure.
L’enjeu est considérable pour l’économie européenne. Une étude récente des douanes françaises révèle que près de 2000 entreprises françaises, représentant la moitié des exportations du pays vers les États-Unis, dépendent à 10% ou plus de leur chiffre d’affaires du marché américain. Cette nouvelle donne commerciale pourrait donc avoir des répercussions importantes sur leur compétitivité et leur rentabilité.