
Une nouvelle dynamique, qualifiée de « cohabitension », semble émerger entre Emmanuel Macron et Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur. Cette expression, née dans les coulisses du ministère de l’Intérieur, illustre les tensions croissantes entre les deux hommes. Ces crispations ont atteint un sommet jeudi matin, lorsque le président a annulé à la dernière minute son entretien en tête-à-tête avec Bruno Retailleau, le remplaçant par François Bayrou, chef du gouvernement.
En privé, Emmanuel Macron a clairement exprimé à son Premier ministre, lors d’un échange mercredi, son désir de voir la discipline être restaurée au sein de ses troupes. Cette décision intervient après un Conseil des ministres jugé « glacial », où des échanges tendus auraient eu lieu entre le chef de l’État et le ministre de l’Intérieur.
Bruno Retailleau s’est notamment attiré les foudres de la majorité présidentielle pour ses propos sur l’avenir du « macronisme ». Il a en effet déclaré dans une interview que le « macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron », des affirmations qui ont irrité l’Élysée et plusieurs ministres. Le président Macron lui-même a recadré son ministre lors du Conseil des ministres, en faisant des allusions claires à ses déclarations jugées « simplistes ».
Malgré ces tensions, Bruno Retailleau a affirmé qu’il n’avait « pas de raison de quitter le gouvernement », tant que les décisions sont conformes à l’intérêt national et à ses convictions. Il a également précisé qu’il n’était « pas attaché à un poste ou à une place », mais à sa mission, qu’il juge « difficile ». Le report de l’entretien avec le président de la République, initialement prévu de longue date, est devenu un symbole des frictions actuelles au sein de l’exécutif, où certains observateurs voient les prémices d’une possible crise politique.