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Le Liban est en deuil après le décès de Ziad Rahbani, musicien, compositeur et dramaturge emblématique. Fils de Fairouz, il a révolutionné la musique et le théâtre libanais par son art engagé et son «jazz oriental».

Le Liban pleure la disparition de Ziad Rahbani, musicien, compositeur et dramaturge emblématique, décédé à l’âge de 69 ans. Fils de l’illustre Fairouz et du compositeur Assi Rahbani, Ziad a révolutionné la scène musicale et théâtrale libanaise, laissant un héritage artistique profond et contestataire. Son décès, survenu samedi matin à Beyrouth, a été annoncé par l’hôpital où il était soigné. Les hommages se multiplient, saluant un artiste visionnaire et engagé.

Connu pour son mode de vie bohème et ses prises de position audacieuses, Ziad Rahbani a marqué plusieurs générations. Il a su, par ses chansons et ses pièces de théâtre, dépeindre avec une lucidité saisissante les maux du Liban, notamment la guerre civile dès avant son déclenchement en 1975, et les crises économiques. Ses œuvres, comme «Un long film américain», sont devenues des références culturelles dont les répliques sont fredonnées par tous.

Précurseur du «jazz oriental», Ziad Rahbani a su moderniser la chanson arabe, notamment en composant pour sa mère, Fairouz, des titres imprégnés de rythmes jazz. Contrairement à sa mère, icône transcendant les clivages, Ziad s’est toujours affiché comme un ardent défenseur de la gauche et de la laïcité, dénonçant sans relâche les divisions confessionnelles qui ont déchiré son pays. L’actrice Carmen Lebbos, son ancienne compagne, a exprimé sur X son désarroi : «Je sens que tout est fini, je sens que le Liban est devenu vide.»

Les plus hautes instances du pays ont rendu hommage à l’artiste. Le président libanais Joseph Aoun a salué en Ziad Rahbani «une conscience vive, une voix qui s’était rebellée contre l’injustice, et un miroir sincère des opprimés». Le Premier ministre Nawaf Salam a ajouté que le Liban perdait «un artiste exceptionnel et créatif, une voix libre qui est restée fidèle aux valeurs de justice et de dignité». Le ministre de la Culture, Ghassan Salamé, a conclu avec émotion : «Nous redoutions que ce jour arrive, car nous savions que son état de santé s’aggravait et que sa volonté de se faire soigner faiblissait.»