
La décision d’Emmanuel Macron de reconnaître officiellement l’État de Palestine en septembre 2025, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, s’inscrit dans la vision diplomatique traditionnelle de la France pour une solution à deux États. Cette annonce, bien que préparée depuis plusieurs semaines, a été retardée en raison de la guerre entre l’Iran et Israël, qui a repoussé la conférence initialement prévue à New York. Le cadre de l’ONU en septembre est jugé plus approprié pour une telle déclaration solennelle.
Le président français a néanmoins pris les devants, face aux reproches d’une partie de l’opinion publique de ne pas tenir ses promesses. Un frémissement international et des images alarmantes de famine à Gaza ont accentué la pression, rendant cette prise de position d’autant plus urgente.
Historiquement, la France a toujours soutenu une solution à deux États, comme en témoigne l’accueil par Jacques Chirac du chef de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, après un accord de paix israélo-palestinien en 2000. Le général de Gaulle, dès 1967, avait initié un rapprochement avec le monde arabe. En 1982, François Mitterrand évoquait déjà la création d’un État palestinien devant la Knesset.
La décision de la France a provoqué des réactions mitigées. Si le président palestinien Mahmoud Abbas l’a saluée comme une « victoire pour la cause palestinienne », le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou l’a fermement condamnée, la qualifiant de « récompense de la terreur » et craignant la création d’un « autre mandataire iranien ». Les États-Unis ont également rejeté cette initiative, la jugeant « imprudente » et un « camouflet pour les victimes du 7 octobre ».
En France, la décision fracture le camp politique, certains députés macronistes exprimant leur malaise et s’interrogeant sur le « pourquoi maintenant ? ». L’Élysée justifie ce timing par la situation humanitaire critique à Gaza et la tenue de la conférence internationale à l’ONU. La France espère entraîner d’autres pays du G7 dans cette reconnaissance, bien que l’Allemagne et l’Italie aient déjà déclaré ne pas l’envisager à court terme.
L’opinion publique française montre une certaine complexité face au conflit. Si une majorité de Français soutient l’objectif d’Israël d’éliminer le Hamas, l’empathie envers les populations palestiniennes et israéliennes est équivalente. Des sondages récents indiquent également un soutien majoritaire aux sanctions contre Israël en cas de restriction de l’aide humanitaire.
Cette reconnaissance par la France, pays membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, vise à relancer une dynamique collective pour une solution durable au Proche-Orient, malgré les fortes oppositions.