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Une étude française révèle une baisse des prescriptions de Dépakine chez les femmes enceintes, mais alerte sur l'augmentation d'autres antiépileptiques aux risques incertains, comme la prégabaline et la gabapentine. Une tendance inquiétante pour la santé des nouveau-nés.

Une récente étude française menée par Epi-phare, un groupement d’intérêt scientifique de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et de la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam), révèle une nette diminution de l’exposition des femmes enceintes à l’acide valproïque (Dépakine) et au valpromide entre 2013 et 2021. Cette baisse significative, résultant d’années de mobilisation et d’un encadrement plus strict des prescriptions, est une excellente nouvelle compte tenu des risques avérés de malformations congénitales et de troubles neurodéveloppementaux associés à ces antiépileptiques.

Toutefois, ce progrès cache une tendance préoccupante : la prescription d’autres antiépileptiques dont le profil de sécurité pendant la grossesse est moins bien établi, voire incertain, a fortement augmenté. C’est le cas de la prégabaline et de la gabapentine, dont l’exposition prénatale a progressé de manière spectaculaire, même chez des femmes non atteintes d’épilepsie. Pour la prégabaline, des études ont déjà confirmé un risque de malformations congénitales multiplié par près de 1,5 par rapport à une population non exposée. Ces risques concernent notamment le système nerveux, l’œil, le visage et le système urinaire. L’ANSM recommande de ne pas utiliser la prégabaline pendant la grossesse, sauf nécessité absolue et après avoir informé la patiente des risques. Au total, l’étude Epi-phare a identifié près de 56 000 grossesses exposées à au moins un antiépileptique entre 2013 et 2021.

Bien que la diminution de l’utilisation du valproate soit notable, avec une chute de 84% à 89% du nombre de grossesses exposées, l’étude souligne également un recours accru à l’interruption de grossesse en cas d’exposition et une réduction des traitements prolongés. Cependant, l’exposition à d’autres molécules comme le topiramate et la carbamazépine, également associées à des risques, n’a diminué que de 34% et 40% respectivement. Ces données mettent en lumière la complexité de la gestion des traitements antiépileptiques chez les femmes en âge de procréer et la nécessité de renforcer l’information sur les risques pour l’enfant à naître. Les autorités sanitaires continuent de rappeler l’importance d’une contraception efficace pour les patientes sous ces traitements.