La justice argentine a tranché en faveur d’un homme photographié nu dans sa cour intérieure par le service Google Street View. La décision, rendue publique ce jeudi 24 juillet, stipule que cette capture et sa diffusion constituent une atteinte à la dignité et à la vie privée. La photo, prise en 2017, montrait l’homme de dos, mais l’identification facile de son domicile dans la petite ville de Bragado, à 210 km de Buenos Aires, a entraîné des moqueries de la part de ses voisins et collègues.
Initialement, un juge de première instance avait estimé que l’homme était responsable de la situation, arguant qu’il « se promenait dans des conditions inappropriées dans le jardin de sa maison ». Cependant, la Chambre nationale d’appels au civil de Buenos Aires a infirmé ce jugement. Elle a considéré que le mur de deux mètres de hauteur était suffisant pour protéger son intimité et que l’entreprise avait fait preuve d’une « intrusion » dans sa sphère privée, portant ainsi atteinte à sa dignité.
Le plaignant, un membre de la police, a affirmé s’être senti humilié après la diffusion de l’image dans un journal télévisé local et sur les réseaux sociaux. Google s’est défendu en soutenant que le mur d’enceinte de la cour était trop bas et que le plaignant n’avait pas « préservé son intimité ». Malgré les arguments de Google, qui floute automatiquement les visages et plaques d’immatriculation, la cour a jugé que l’identification du domicile rendait l’homme reconnaissable, ce qui a causé un préjudice moral.
En conséquence, Google Argentina et Google Inc. ont été condamnés à verser 16 millions de pesos argentins, soit environ 11 000 euros, à la victime en guise de réparations pour cette atteinte à la dignité. Ce jugement met en lumière les préoccupations croissantes concernant la protection des données personnelles et de l’intimité face aux avancées technologiques des services de cartographie comme Street View.
