Vendin-le-Vieil-prison
La prison de Vendin-le-Vieil inaugure un quartier de haute sécurité pour les narcotrafiquants les plus dangereux, dont Mohamed Amra. Un second quartier ouvrira à Condé-sur-Sarthe. Une plainte pour abus d'autorité vise le ministre de la Justice. Ce nouveau régime suscite des débats sur le respect des droits des détenus.

La prison de Vendin-le-Vieil a ouvert un quartier de haute sécurité pour les narcotrafiquants les plus dangereux. L’objectif est d’accueillir une centaine de détenus afin de les isoler selon un régime strict, inspiré de la lutte antimafia en Italie. Un second quartier similaire devrait ouvrir ses portes à la mi-octobre à la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne).

Mohamed Amra, considéré comme l’un des détenus les plus dangereux de France après une évasion meurtrière, a été transféré jeudi à Vendin-le-Vieil. Son arrivée a été marquée par des mesures de sécurité exceptionnelles, avec un hélicoptère et une forte présence policière. Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a souligné que Amra est désormais incarcéré dans des «conditions de détention extrêmement strictes».

Ce nouveau régime carcéral vise à faire comprendre aux narcotrafiquants qu’ils ne pourront plus agir en toute impunité. Cependant, cette initiative fait l’objet de critiques. Une plainte pour abus d’autorité a été déposée contre Gérald Darmanin auprès de la Cour de justice de la République (CJR). L’avocat Philippe Ohayon, représentant un détenu transféré, dénonce des transferts qui s’affranchiraient des critères légaux fixés par le Conseil constitutionnel, notamment l’exigence de liens établis entre le détenu et les réseaux de criminalité organisée pendant sa détention.

Le Conseil constitutionnel avait pourtant validé mi-juin ce régime d’isolement, mais en insistant sur la nécessité d’établir de tels liens. Selon la plainte, le ministre aurait imposé à ses services de fonder les ordres de transfert sur des «liens supposés» plutôt que sur des «liens établis», facilitant ainsi la saisie et le transfert des prisonniers. Des avocats ont également signalé des difficultés d’accès aux informations sur les transferts et aux parloirs avocats, remettant en question le respect des principes fondamentaux de l’état de droit.