
Gaby Charroux, le maire communiste de Martigues (Bouches-du-Rhône), fait face à des poursuites judiciaires. L’élu de 83 ans, à la tête de la ville depuis 2009, a été mis en examen le 29 avril pour favoritisme. Cette décision intervient dans le cadre d’une enquête pour corruption au sein de la Société d’économie mixte immobilière de la ville de Martigues (Semivim), qu’il présidait. Le parquet de Marseille a confirmé cette information le lundi 21 juillet, initialement révélée par le média Blast. Les poursuites visent également une directrice générale de la Semivim, un autre élu et plusieurs entrepreneurs impliqués dans cette affaire.
Une information judiciaire avait été ouverte dès octobre 2021, suite à des allégations de corruption au sein de ce bailleur social remontant à 2019. Début 2024, onze personnes avaient déjà été mises en examen dans ce dossier. La municipalité de Martigues s’est constituée partie civile, soulignant la gravité des faits. Des entreprises sont suspectées d’avoir versé des rémunérations à des élus et à des membres du bailleur social en échange de l’obtention de marchés publics. Le parquet de Marseille n’a pas précisé le nombre total de personnes encore mises en examen actuellement.
Au cœur de l’enquête se trouve un couple : l’ancienne directrice du patrimoine de la Semivim et son compagnon, également employé du bailleur social. Ils sont soupçonnés d’avoir reçu des centaines de milliers d’euros, des voyages à l’étranger et des matériaux de construction de la part d’entrepreneurs en contrepartie de l’octroi de marchés publics. Trois filiales du groupe Omnium Développement, impliquées dans ce dossier, ont signé fin 2023 des conventions judiciaires d’intérêt public (CJIP). Elles ont accepté de payer une amende totale de 1,7 million d’euros pour clore les poursuites pénales.
Contactée par l’AFP, la mairie de Martigues n’a pas souhaité commenter. La section locale du Parti communiste français a quant à elle insisté sur le fait que la mise en examen pour favoritisme ne sous-entend pas de soupçons de corruption ou d’enrichissement personnel. Le parti, qui dirige la ville depuis soixante ans, a affirmé qu’« il n’a pas manqué un seul euro dans les caisses de la Semivim ». Cette mise en examen intervient à moins d’un an des prochaines élections municipales, dans un contexte où le Rassemblement national gagne du terrain électoral dans la région.