
Une transformation notable s’opère dans le paysage du logement social français. Plusieurs offices publics de l’habitat (OPH) basculent vers des statuts privés ou semi-privés, soulevant des débats quant à l’avenir de l’habitat social. Cette évolution, en partie dictée par la loi ELAN de 2018, vise à regrouper les organismes HLM de moins de 12 000 logements afin de renforcer leur efficacité et leur capacité d’investissement.
Le 1er juillet dernier, l’OPH Pays d’Aix Habitat, qui gérait près de 5 900 logements sociaux, a été absorbé par l’entreprise sociale de l’habitat (ESH) Famille & Provence. Ce rapprochement avait été envisagé initialement pour se conformer à la loi ELAN. Cependant, les résultats attendus de la société anonyme de coordination mise en place n’ont pas été jugés satisfaisants, selon Jean-Louis Vincent, ancien président de l’office HLM d’Aix-en-Provence.
D’autres changements majeurs sont prévus pour le 1er janvier 2026. L’OPH de l’agglomération d’Auxerre deviendra également un organisme privé. De même, Lille Métropole Habitat (LMH), un acteur majeur avec 35 000 logements sous sa gestion, se transformera en société d’économie mixte (SEM), avec une participation de la filiale de CDC Habitat. Cette mutation des OPH vers des entités privées ou des SEM, où le capital est majoritairement public mais la gestion s’apparente au droit privé, soulève des inquiétudes quant à une possible « privatisation » du logement social et la recherche de résultats financiers au détriment de la mission sociale.