
Il y a près de vingt ans, les travaux de recherche de Jean-Marc Lemaître sur le rajeunissement cellulaire étaient accueillis avec scepticisme par une partie de la communauté scientifique. Directeur de recherche à l’Inserm et codirecteur de l’Institut de médecine régénérative et de biothérapies à Montpellier, Jean-Marc Lemaître avait pourtant obtenu en 2006 les financements nécessaires pour initier son projet sur la plasticité génomique et le vieillissement. À l’époque, le domaine était souvent perçu comme marginal, attirant des chercheurs en quête d’immortalité.
Le chercheur se souvient des difficultés rencontrées, même auprès des revues scientifiques, pour publier ses découvertes. En 2011, malgré des résultats probants sur le rajeunissement de cellules humaines sénescentes, il a dû insister pour que le terme « rajeunissement » figure dans le titre de son article, menaçant même de changer d’éditeur. C’est en 2011 que son équipe a réussi à rajeunir des cellules de donneurs âgés de plus de 100 ans, les reprogrammant en cellules souches pluripotentes (iPSC) qui ont retrouvé les caractéristiques des cellules souches embryonnaires. Cette avancée suggérait qu’il était possible non seulement de freiner le vieillissement, mais aussi de l’inverser au niveau cellulaire et tissulaire.
Les travaux de Jean-Marc Lemaître et de son équipe portent sur la compréhension des mécanismes de vieillissement et le développement de stratégies visant à restaurer la fonctionnalité des tissus et organes altérés par le temps. Leur objectif n’est pas l’immortalité, mais plutôt l’allongement de l’espérance de vie en bonne santé. En 2021, ils ont publié des résultats d’une méthode de reprogrammation transitoire testée sur des souris, qui enclenche le rajeunissement cellulaire sans altérer l’identité de la cellule.
Cette technique ouvre des perspectives pour l’application chez l’humain. Une startup, Ingraalys, a été créée pour reprogrammer des cellules de peau humaine, avec des partenariats envisagés dans les secteurs de la cosmétique et de la médecine esthétique. La recherche sur le rajeunissement cellulaire connaît des avancées significatives, avec de nouvelles thérapies anti-âge émergentes, notamment celles basées sur les cellules souches et l’utilisation de l’intelligence artificielle pour identifier de nouvelles molécules sénolytiques. Ces progrès marquent un changement de paradigme, considérant le vieillissement comme une maladie potentiellement curable.