
La Haute Autorité de Santé (HAS) a officiellement publié ses recommandations pour la prise en charge médicale de la transition de genre chez les adultes. Ces directives visent à garantir une approche unifiée et de qualité à travers le pays. Cette initiative fait suite à une demande formulée par Olivier Véran, alors ministre de la Santé.
Initialement, un document de travail de la HAS, révélé fin 2024 par Le Figaro, avait envisagé des recommandations pour les personnes dès 16 ans. Cependant, la HAS a finalement décidé de ne pas inclure les mineurs dans ce premier ensemble de recommandations. Selon Lionel Collet, président de la HAS, ce choix s’explique par un « manque de consensus scientifique » sur le sujet des mineurs, qui sera abordé dans des travaux ultérieurs début 2026.
Les recommandations actuelles se concentrent donc uniquement sur les adultes, dans le but d’homogénéiser la prise en charge des individus sollicitant une transition de genre. Ces préconisations sont destinées aux professionnels de santé et ont pour objectif de « garantir une prise en charge sécurisée et de qualité ».
Lionel Collet a rappelé que l’« incongruence de genre » n’est plus classifiée comme un trouble mental en France, et que les soins liés à la transition de genre sont déjà couverts par l’Assurance maladie, étant considérés comme une « affection de longue durée ». La HAS n’a pas eu à se prononcer sur le remboursement de ces soins.
Claire Compagnon, présidente de la commission de la HAS en charge de ces recommandations, a souligné l’importance de cette prise en charge pour la santé publique. Elle a noté que les personnes transgenres sont exposées à des risques accrus de renoncement aux soins, d’automédication, de dépression et d’anxiété, pouvant mener jusqu’au suicide, en raison de l’hétérogénéité de l’accès aux soins sur le territoire. La HAS vise à renforcer l’offre de soins et la formation des professionnels de santé pour pallier ces inégalités. Elle a également mentionné que les personnes trans sont plus souvent sujettes à des troubles mentaux, y compris des troubles du neurodéveloppement ou du spectre autistique.
Comparé au document de travail initial, la HAS a intégré des mesures de prudence, permettant aux cliniciens d’imposer un « délai de réflexion raisonnable » avant toute intervention aux effets irréversibles, comme certaines hormonothérapies ou chirurgies de genre. Un avis psychiatrique systématique n’est pas requis, mais un soutien psychologique peut être proposé selon les besoins du patient.
La HAS met le médecin généraliste au centre du dispositif pour « accueillir toute demande de soins et coordonner la prise en charge ». Elle exhorte les professionnels de santé à recevoir les personnes trans « sans jugement » et à utiliser « le pronom et le prénom demandés ».
Enfin, la Haute Autorité de Santé recommande de répondre favorablement aux demandes de chirurgie des personnes trans, tout en insistant sur la nécessité d’informer précisément les patients des risques et du caractère irréversible de certains actes. La HAS a également fait état de « pressions » exercées sur son groupe de travail.