
Aix-Marseille Université (AMU) s’apprête à accueillir 31 chercheurs américains à la prochaine rentrée, suite aux menaces pesant sur leur liberté académique en raison de la politique menée par Donald Trump. Ce programme, intitulé « Safe Place for Science » (« un lieu sûr pour la science »), a été annoncé par le président d’AMU, Eric Berton, le vendredi 18 juillet sur France Inter.
L’université marseillaise, qui compte parmi les plus grandes de France avec 80 000 étudiants (dont 12 000 internationaux), a reçu un afflux remarquable de candidatures. Au 31 mars, date limite de dépôt des dossiers, l’AMU avait enregistré 300 candidatures, et un total de 600 chercheurs américains ont manifesté leur souhait de rejoindre l’établissement.
Les chercheurs sélectionnés sont des profils seniors et des professeurs de haut niveau. Leurs domaines d’expertise couvrent un large éventail, incluant les sciences environnementales, les humanités (études de genre, histoire, géographie), la biologie, la santé, l’épidémiologie et l’immunologie. De manière inattendue, des scientifiques issus de la NASA rejoindront également les laboratoires d’astrophysique de l’AMU.
Eric Berton a exprimé sa tristesse face aux nombreux messages émouvants des candidats non retenus, mais a souligné l’existence d’autres opportunités en Europe, notamment via le programme « Choose France » et des bourses européennes. Il a dénoncé les pressions subies par ces scientifiques, citant l’effacement de bases de données climatiques et les exigences de justification salariale.
Le président d’AMU a insisté sur l’impact mondial de la situation aux États-Unis, qualifiant les actions de l’administration Trump d’« antiscience » et d’« obscurantisme ». Il a affirmé que c’est « l’honneur de l’université française d’amener une lueur d’espoir » à ces collègues.
Par ailleurs, M. Berton, aux côtés de l’ancien président François Hollande, milite pour un statut de « réfugié scientifique ». Il a rappelé que l’AMU accueille déjà 25 chercheurs venant d’Iran, du Liban, d’Ukraine et de Palestine, soulignant que, tout comme un opposant politique, un scientifique peut déranger le pouvoir en place, en particulier sur des sujets comme le climatoscepticisme. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, des milliards de dollars de subventions de recherche ont été supprimés, mettant les chercheurs et les universités sous pression.