
En France, le nombre d’accidents du travail graves et mortels demeure une préoccupation majeure. Selon les derniers chiffres disponibles, l’année 2023 a enregistré au moins 810 décès liés au travail, un chiffre stable depuis plusieurs années. La ministre chargée du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, qualifie cette situation de « phénomène de société » et non de fatalité, soulignant un « devoir moral » d’accélérer la lutte contre ces drames.
Malgré une légère diminution globale des accidents du travail en 2023 (1,5 % de moins qu’en 2022, avec 555 803 accidents ayant entraîné un arrêt ou une incapacité de travail), le nombre de décès a paradoxalement augmenté, atteignant 759, soit 21 de plus qu’en 2022. Les malaises sont la première cause de décès (57 %), suivis par d’autres types d’accidents (25 %), le risque routier (12 %) et les suicides (4 %). Les manutentions manuelles représentent près de la moitié des accidents du travail, suivies par les chutes et l’utilisation d’outils.
Face à ce constat, la ministre a dévoilé sa stratégie, qui sera concrétisée par un nouveau plan en 2026. Ce plan fusionnera la prévention des accidents du travail et la santé au travail en un seul outil, marquant l’égale importance des deux sujets. Il s’articule autour de cinq axes principaux visant à renforcer la prévention et la sécurité : d’abord, une responsabilisation accrue des entreprises et des donneurs d’ordre, notamment en limitant les rangs de sous-traitance. Ensuite, une amélioration de la prévention pour les publics les plus vulnérables, tels que les jeunes, les intérimaires et les travailleurs du BTP. La stratégie inclut également le renforcement de la culture de la prévention au sein des organisations, l’accroissement des outils et des sanctions à disposition de l’État – notamment pour les inspecteurs du travail – et, enfin, un meilleur accompagnement des victimes d’accidents du travail.