
Ioulia Navalnaïa s’est emparée de la polémique grandissante autour de l’invitation du chef d’orchestre Valery Gergiev, réputé pour ses liens étroits avec Vladimir Poutine, à un festival italien. L’affaire, d’abord remarquée par des sites spécialisés, a pris de l’ampleur suite à un tweet indigné de Pina Picierno, vice-présidente du Parlement européen. Elle a dénoncé l’utilisation de fonds européens pour financer la performance d’un « partisan du Kremlin » au festival Un’Estate da Re, près de Naples.
Le président de la région Campanie, Vincenzo De Luca, a défendu l’invitation de Gergiev, arguant que cela favorisait le « dialogue entre les peuples ». Il a même déclaré être « particulièrement fier de compter Gergiev parmi nous. La Russie, c’est l’Europe », ignorant les mises en garde de la Commission européenne. Celle-ci a rappelé que sous le régime de Poutine, les institutions culturelles contrôlées par l’État servent souvent de bras étendu à la propagande, et a exhorté les organisations culturelles à soutenir les artistes défendant les valeurs démocratiques.
Le 10 juillet, Ioulia Navalnaïa a tweeté une vidéo intitulée « Un maître de la propagande : pourquoi Valery Gergiev doit être tenu pour responsable ». Cette vidéo, basée sur une enquête du site d’Alexeï Navalny, décrit Gergiev comme un « ami proche et allié » de Poutine, soutenant « ouvertement sa politique ». La Fondation anticorruption de Navalny a qualifié le « dialogue culturel » invoqué par les organisateurs de « ridicule » et a exigé l’annulation du concert de Gergiev, envoyant des lettres aux autorités italiennes.
Bien que la Commission européenne ait précisé que le festival n’est pas directement financé par des fonds européens mais par des fonds nationaux italiens, la question de la responsabilité des États membres de l’UE reste posée. Alors que l’UE prévoit de nouvelles sanctions contre la Russie, l’annonce de la venue de Valery Gergiev à Barcelone début 2026 suscite également des interrogations. D’autres chefs d’orchestre accusés de proximité avec le pouvoir russe, comme Teodor Currentzis, ont déjà été invités par de prestigieuses institutions européennes, ce qui alimente le débat sur la place des artistes controversés dans le monde de la culture.