Srebrenica-memorial
Ce 11 juillet, la Bosnie commémore le génocide de Srebrenica, où plus de 8 000 musulmans furent tués en 1995. De nouvelles victimes seront inhumées, 29 ans après le massacre, toujours reconnu difficilement par la Serbie.

Ce vendredi 11 juillet marque une nouvelle commémoration du génocide de Srebrenica, la pire tuerie survenue en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Comme chaque année, de nouvelles victimes identifiées du massacre seront inhumées au mémorial de Potocari, près de la ville de l’est de la Bosnie-Herzégovine. C’est ici que plus de 8 000 hommes et adolescents musulmans ont été brutalement assassinés par les forces serbes de Bosnie entre le 11 et le 16 juillet 1995. À ce jour, 6 751 victimes reposent dans ce mémorial, tandis que 250 autres ont été inhumées dans des cimetières locaux, à la demande de leurs familles. Plus d’un millier de victimes restent introuvables. Cette année, 14 nouvelles victimes rejoindront les défunts lors de la cérémonie du jour.

Le massacre de Srebrenica a été officiellement reconnu comme un acte de génocide par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) en 2004 et par la Cour internationale de justice en 2007. Il s’agit de l’un des rares génocides reconnus par l’ONU, aux côtés de celui des Tutsis au Rwanda et de la Shoah. Le « Boucher des Balkans », Ratko Mladic, général à la tête des troupes serbes lors de la prise de Srebrenica, a été condamné à la prison à perpétuité pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, une peine confirmée en 2021.

En mai 2024, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution historique, portée par l’Allemagne et le Rwanda, désignant le 11 juillet comme la « Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide commis à Srebrenica en 1995 ». Cette résolution vise à honorer la mémoire des victimes et à promouvoir la vérité historique à travers les systèmes éducatifs des États membres. Malgré cette reconnaissance internationale, la mémoire de Srebrenica demeure un sujet de discorde, notamment en Serbie et dans la République serbe de Bosnie. Des dirigeants comme Milorad Dodik, président de la Republika Srpska, refusent de qualifier les événements de génocide, préférant le terme de crime de guerre. De plus, Ratko Mladic et Radovan Karadzic, condamnés par le TPIY, sont toujours glorifiés comme des héros dans certaines régions serbes. Cette polarisation s’est manifestée lors du vote de la résolution de l’ONU en mai 2024, où la Serbie a mené une intense campagne de lobbying pour son rejet. La résolution n’a obtenu que 84 votes favorables, reflétant des divisions au-delà des Balkans, y compris en Europe, où certains pays comme la Hongrie se sont opposés à son adoption.