
Après des années de débat, la Chambre basse du Parlement français a entamé l’examen d’une proposition de loi visant à instituer un véritable statut de l’élu local. Cette initiative transpartisane, déjà adoptée à l’unanimité par le Sénat, bénéficie du soutien du Premier ministre, François Bayrou, et du ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, François Rebsamen . L’objectif principal est d’améliorer significativement les conditions d’exercice des mandats locaux, notamment dans les petites communes.
Les dispositions clés de ce texte incluent une augmentation d’environ 10 % des indemnités des maires, qui varient actuellement de 1 048,20 euros bruts mensuels pour les communes de moins de 500 habitants à 5 960,30 euros pour celles de plus de 100 000 habitants . Au-delà des aspects financiers, la proposition de loi cherche à optimiser la formation des élus, à concilier leur mandat avec une activité professionnelle, à mieux valoriser leur expérience après un mandat et à renforcer leur protection juridique face aux menaces, outrages, voies de fait, injures ou diffamations .
Cette avancée intervient dans un contexte de crise démocratique où les maires représentent la figure politique la plus digne de confiance aux yeux des Français (69 %), loin devant les députés (42 %) ou le gouvernement (22 %) . Pourtant, le pays a enregistré une vague sans précédent de démissions. Entre juillet 2020 et mars 2025, 2 189 maires ont quitté leurs fonctions, soit environ 6 % d’entre eux, marquant un niveau historique . Une étude révèle que 53% des maires démissionnaires en 2020 étaient de nouveaux élus, soulignant une rapide désillusion . Les tensions au sein des conseils municipaux sont la principale cause de ces départs volontaires (30,9 %) .
La création de ce statut est jugée essentielle non seulement pour soutenir les maires en difficulté, mais aussi pour redynamiser la démocratie locale en attirant davantage de jeunes et de femmes vers les assemblées communales, départementales et régionales . Bien que l’ambition soit louable, les défis persistent, notamment la technicisation croissante de la fonction et l’augmentation des conflits internes, auxquels la loi ne peut pas apporter toutes les solutions .