
L’inflation persistante en France a un impact croissant sur la précarité des travailleurs, comme en témoigne la situation de Carole Jacon, 48 ans, résidant près de Bourg-en-Bresse. Ses difficultés reflètent les chiffres de l’Insee, qui révèlent une augmentation significative du nombre de « travailleurs pauvres » en 2023. En effet, ils représentaient 8,3 % des personnes en emploi l’année dernière, contre 7,3 % en 2021, marquant une dégradation notable de la situation économique pour une partie de la population active.
Carole Jacon, mère isolée ayant surmonté un burn-out, est un exemple concret de cette tendance. Malgré un contrat de professionnalisation dans la protection de l’enfance, ses revenus, incluant le SMIC, la prime d’activité et une pension alimentaire, la placent sous le seuil de pauvreté. Pour une famille monoparentale avec un enfant de plus de 14 ans, ce seuil était fixé à 1 832 euros en 2023. Ses charges fixes, telles que le remboursement de son emprunt immobilier, les factures d’énergie et une saisie sur salaire liée à une ancienne dette, ne lui laissent qu’environ 20 euros par jour pour subvenir aux besoins de deux personnes, une somme insuffisante pour se nourrir, s’habiller et faire face aux imprévus du quotidien.
Les données de l’Insee pour 2023 soulignent une tendance alarmante : le taux de pauvreté global a atteint 15,4 % de la population, son niveau le plus élevé depuis 1996, soit une augmentation de 0,9 point par rapport à 2022. Cela représente environ 9,8 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en France métropolitaine, un chiffre en hausse d’environ 650 000 personnes en un an. Les familles monoparentales sont particulièrement touchées, avec un taux de pauvreté qui est passé de 31,4 % à 34,3 % en 2023.
Cette situation s’explique en partie par la non-reconduction des mesures exceptionnelles de soutien au pouvoir d’achat mises en place en 2022, malgré une inflation moyenne de 4,9 % en 2023. L’Insee précise également que si le niveau de vie médian a augmenté de 5,9 % en euros courants, cette hausse est principalement due à l’augmentation des revenus des ménages les plus aisés. En revanche, le niveau de vie des ménages les plus modestes a baissé, notamment en raison de la hausse du nombre de ménages déclarant de faibles revenus d’activité indépendante.